Portrait #3 Noémie Budin

Au tour de Noémie Budin, arrivée en octobre 2019, sur le site de Sizewell, de répondre à quelques questions sur son expatriation. 
Docteure en littérature française, spécialiste de l'imaginaire féerique et amoureuse de la nature, elle participe activement à l'Expat Family, a écrit pour la newsletter EDF et de nombreux articles pour le blog. Elle a animé début janvier, un atelier pour enfants, sur le thème des licornes.



Bonjour Noémie. Merci d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions. 
Peux-tu te présenter, nous en dire un peu plus sur ton parcours ?


Je m’appelle Noémie Budin et j’ai 31 ans. 
Originaire du Dauphiné (entre Lyon et Grenoble), j’ai fait une partie de mes études en Lorraine avant de vivre dans l’Ain durant quelques années. Déjà passionnée de montagne, je suis tombée amoureuse du Bugey que j’ai parcouru en long en large et en travers, toujours en quête de sentiers secrets et de cascades ou de grottes cachées.


Professionnellement parlant, je suis titulaire d’un doctorat en littérature française. Je me suis spécialisée dans l’imaginaire féerique. J’adore décortiquer les œuvres contemporaines (livres, films, séries) et analyser la symbolique de notre imaginaire contemporain. Je partage notamment cet intérêt avec mes élèves puisque je suis enseignante de lettres modernes.


Enfin, je pratique la reconstitution historique : je suis membre d’une troupe médiévale dans laquelle j’anime des ateliers d’histoire vivante pour expliquer la vie au XVe siècle et casser les clichés sur le Moyen Age. Dans ce cadre, j’organise mon propre festival historique avec mes camarades : Fest’Ain d’Histoire, un festival historique multi-époque qui s’est tenu pour la deuxième fois cette année.





Pourquoi avoir tenté cette expérience de l’expatriation ?


Mon conjoint et moi avons toujours voulu tenter l’expérience d’une vie à l’étranger. Nous adorons voyager, échanger et cette opportunité était pour nous un bon moyen de le faire. 

L’idée était aussi d’améliorer notre maîtrise de la langue anglaise en la pratiquant directement sur le terrain et, pour moi, d’élargir mon avenir professionnel en faisant autre chose le temps de cette expérience.



Comment as-tu vécu ton arrivée en Angleterre ?


Mon arrivée en Angleterre a été un grand chamboulement dans ma vie. D’abord, nous avons su assez tard que nous venions; le déménagement et les procédures d’installation ont dû se faire très rapidement. Je n’ai pas trop eu l’impression de respirer pendant quelques temps. En plus, j’étais très complexée par mon niveau d’anglais, ce qui ne m’a pas aidée à réaliser les démarches nécessaires sereinement. Mais tout s’est globalement bien passé au début.


Néanmoins, très rapidement, la situation est devenue plus compliquée : nous vivons dans une zone où il est assez difficile de rencontrer du monde et l’arrivée de la pandémie ne nous a pas permis de lier des liens solides avec des personnes durant cette période. Notons également que jusqu’à présent, nous étions les seuls Français expatriés sur place. De plus, il nous était impossible de voyager ou de recevoir nos proches. Au final, je n’ai vu personne si ce n’est mon conjoint pendant environ six mois. Ce fut plutôt difficile à vivre.



Justement, en parlant d’intégration, as-tu pris des cours d’anglais ? Te sens-tu bien intégrée au sein de la communauté anglaise de Sizewell ?


Je n’ai pas trouvé de cours d’anglais à proprement parler mais je vais parfois marcher avec une Écossaise qui habite mon village. Elle a vécu en France pendant 10 ans et nous en profitons pour parler tantôt anglais, tantôt français. Cela me permet de travailler ma prononciation et d’apprendre de nouveaux mots de vocabulaire.

Sinon, je me suis liée d’amitié avec une famille de mon village : je vais les aider dans leur ferme. Ils sont très sympathiques et ils m’apprennent à m’occuper des animaux, à jardiner ou à bricoler, le tout en anglais !

Nous avions aussi rejoint quelques associations locales : un groupe d’astronomie, une troupe de reconstitution médiévale et je prenais des cours de yoga, mais tout s’est arrêté en mars avec la pandémie. J’espère que cela s’arrangera rapidement.




Avais-tu des a priori sur les anglais, la culture anglaise ? 


Je n’avais pas d’a priori particuliers sur les Anglais, si ce ne sont les clichés classiques sur la nourriture, la politesse, le respect des règles, etc.

Au final, j’ai goûté de très bons plats anglais et pour le reste, je dirais qu’il ne faut pas se fier à ce genre de clichés !




Que fais-tu ici ? 


Je suis bénévole dans une care farm, deux jours par semaine depuis un an. C’est génial : c’est une ferme qui accueille des personnes en situation de handicap et qui propose toutes sortes d’activités manuelles. C’est très intéressant !

Je donne parfois des cours de français en individuel et je participe régulièrement à un atelier de conversation française dans mon village.


J’ai commencé une formation d’herboristerie qui me permettra de valider un diplôme mais surtout d’approfondir quelque chose qui m’intéresse depuis longtemps.

En parallèle de cela, je donne aussi des cours en ligne et je rédige un ouvrage sur les licornes pour une maison d’édition française.
Je prépare également la publication des actes du colloque issu du festival historique que j’ai organisé. Il s’agit d’un ouvrage de vulgarisation historique. Le premier tome a été publié au printemps dernier. (Lien : https://www.goodreads.com/book/show/54413309-les-clich-s-dans-l-histoire)

Enfin, je me suis engagée dès le départ dans le projet des conjoints d’expatriés parce que je trouve que c’est quelque chose de très important. J'ai rejoint rapidement la Content Team et écrit des articles pour le blog.



Tu as animé récemment une conférence pour les enfants autour des licornes. Peux-tu nous raconter comment cela s'est passé ?

En effet, mardi 5 janvier 2021, j'ai animé le premier événement officiel de l'Expat Family grâce à l'Event Team. Il s'agissait d'une conférence en ligne organisée sur Google Meet, à destination des enfants à partir de quatre ans. Elle portait sur le thème des licornes. 
Cet animal merveilleux est assez particulier car il ne s'agit pas d'une créature mythologique au même titre que les dragons ou les sirènes : on s'est toujours beaucoup questionné sur sa prétendue existence et c'est ce qui fait tout son charme. Après une longue évolution dans les arts et l'imaginaire, les licornes sont en quelque sorte aujourd'hui devenues les égéries des fictions merveilleuses et elles sont omniprésentes dans notre monde à travers toutes sortes de produits dérivés. En somme, elles continuent de fasciner petits et grands !

Pour cette conférence, réunissant une dizaine d'enfants et leurs mamans, j'ai commencé par proposer la lecture d'un conte, Le Pays d'Anouk de Blandine Lathuillière et Pascale Mugnier. C'est une très belle histoire que les enfants ont adorée.
Ensuite, j'ai rapidement présenté l'histoire de la licorne, ses particularités physiques et son mode de vie tout en répondant aux questions de mon jeune public qui avait déjà un avis bien tranché sur le sujet. 
Les enfants avaient d'ailleurs réalisé des dessins de licornes, ce qui nous a permis de nous questionner sur leur apparence en les comparant à des iconographies médiévales. 

J'ai personnellement passé un super moment ! C'était la deuxième fois que j'animais un atelier pour les enfants, mais la première fois qu'ils étaient si petits et en ligne. Cela m'angoissait un peu car j'avais peur de ne pas réussir à les accrocher, mais au final ils sont restés très concentrés tout le long et se sont montrés vraiment intéressés.

J'envisage de proposer prochainement une animation similaire sur le thème des chevaliers de la table ronde (probablement pendant les vacances de printemps), ainsi qu'une conférence, pour les adultes cette fois, sur l'imaginaire féerique (mon sujet de thèse sur lequel j'ai déjà animé de nombreuses conférences et rédigé des articles).


Crédit photo : Noémie Budin




As-tu eu l’occasion de visiter le Royaume-Uni ?


Compte tenu de la situation actuelle, je n’ai pas pu visiter le Royaume-Uni autant que prévu.
Nous connaissons bien le Suffolk, la région dans laquelle nous vivons. Nous allons parfois à Londres le weekend pour visiter des musées lorsque cela est possible. En janvier dernier, nous avons été au Pays de Galle pour randonner dans les Brecon Beacons. Cet été, nous avons été à Peak District et en Cornouailles.

Nous avions visité l’Ecosse il y a quelques années et nous espérons y retourner en mai si cela est possible.

Si la situation sanitaire s’améliore, nous espérons pouvoir également visiter d’autres régions.



Un premier bilan de ton expatriation ? 


Un premier bilan en demi-teinte. Je ne regrette pas d’être venue mais les choses ne se passent pas vraiment comme je l’aurais souhaité : la situation sanitaire actuelle ne nous a pas permis de rencontrer autant de personnes qu’on l’aurait voulu et de participer à des activités sur place. Je n’ai pas trouvé de travail ici et je ne parle pas beaucoup anglais. La montagne et la vie sociale me manquent beaucoup.

Malgré tout, c’est une expérience intéressante. J’espère avoir l’occasion de revivre une expatriation dans de meilleures conditions par la suite.




Quels sont vos projets pour 2021 ?


En 2021, j’aimerais donc visiter l’Ecosse, peut-être aussi l’Irlande et Snowdonia.


J’aimerais terminer l'écriture de mon ouvrage et finir ma formation d’herboristerie.


Normalement, nous rentrerons en France à la fin du mois de septembre et j’attends avec impatience de pouvoir retrouver des montagnes (le Suffolk est vraiment trèèèèèès plat !).




Encore merci, Noémie, pour tes réponses et ton engagement auprès de la communauté d’expatrié.e.s.


Propos recueillis par Jessica Ung, en Novembre 2020

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