Portrait #4 - Anne Debecdelièvre

Pour ce portrait, j’ai recueilli les propos de Anne, arrivée à Bristol avec sa famille il y a maintenant un peu plus de 3 ans. Anne a réussi à s'intégrer en étant très active dans le bénévolat. 


Merci beaucoup, Anne d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions. Peux-tu te présenter en quelques mots ? 

Voici ma famille, chaudement équipée pour explorer l’Angleterre. Mon mari, Sébastien est originaire de Haute Savoie.
Rodrigue (12 ans) et Joshua (8 ans) sont nés à Chambéry où nous avons passé 10 belles années avant de migrer dans le grand nord.
Et moi ! Anne, également originaire de Rhône-Alpes.



Mon décollage professionnel a débuté à Paris où j’ai travaillé en tant que géologue pour ENGIE à réaliser du suivi géologique de forages pour les stockages de gaz dans le bassin parisien.
Après quelques années d’expériences et la nature nous manquant, nous avons déménagé en Savoie où j’ai travaillé pour EDF sur la gestion sédimentaire des ouvrages hydrauliques pendant une dizaine d’années. 

Très éclectique, mes passions sont multiples. 
J’ai adoré mon expérience de bénévole à Electriciens sans frontières où j’ai travaillé sur des projets d’installation de panneaux solaires en site isolé au Burkina Faso. 
Roche et eau faisant partie de ma vie, j’ai aussi pratiqué pendant de nombreuses années la spéléologie et l’escalade. 
Enfin, jouer du violoncelle et créer des musiques d’accompagnement de films sur les milieux naturels est aussi une activité qui me fait vibrer. 



Pourquoi avez-vous décidé de tenter cette expérience de l’expatriation ? 

Nous avons toujours eu envie d’avoir une expérience de vie à l’étranger. Voyager nous laissait le regret de simplement survoler le pays et nous souhaitions connaître une véritable immersion culturelle. 

Partir à Bristol était donc une occasion rêvée pour réaliser notre projet familial et les enfants avaient l’âge idéal pour apprendre l’anglais dans des conditions exceptionnelles (5 et 9 ans lors de notre arrivée). 



Comment as-tu vécu ton arrivée en Angleterre ? 

Notre arrivée a été une sortie brutale de la routine dans laquelle nous étions installés depuis une dizaine d’années. Le plus marquant pour moi a été de voir enfants et parents se retrouver solidaires autour d’un même projet et donner le meilleur d’eux-mêmes pour que l’expatriation réussisse.

Les principales satisfactions ont été de se retrouver à nouveau dans une dynamique de découverte, d’apprentissage et d’adaptation.

Bristol est une ville cosmopolite, très riche au niveau culturel, située idéalement au UK avec de nombreux espaces naturels et un bord de mer à proximité. C’est une ville idéale pour s’installer en famille et une première expérience d’expatriation.

La communauté d’expatriés français a été d’un grand soutien pour nous permettre de prendre nos marques au départ.




Avez-vous réussi à vous intégrer rapidement ? 

Nos enfants ne parlaient pas anglais en arrivant. La première année a été un vrai challenge pour eux car ils étaient scolarisés dans une école anglaise. 

Il faut oublier les propos entendus avant le départ sur le fait que les enfants sont des éponges et deviennent bilingues en 3 mois. Ce sont des éponges mais l’échelle de temps est un peu plus grande… Il a fallu entre 6 et 8 mois pour que nos enfants commencent à sortir de leur mutisme. Ces premiers mois sont compliqués pour la famille car les enfants subissent un stress important et cela peut vraiment impacter leur comportement au quotidien (et donc l’atmosphère familial). Et là, il faut des parents dotés d’une bonne dose d’humour et de positivisme pour dédramatiser les situations et faire avancer les troupes ! 
Mais la bonne nouvelle, c’est que ça marche ! 

Une fois cette première vague passée, nos enfants se sont métamorphosés et le bilinguisme leur a donné une vraie force de caractère et une belle assurance. Après trois ans, ils sont vraiment épanouis et se sentent complètement intégrés dans leur nouvel environnement.
De vrais petits anglais dans leur bel uniforme !
Il ne leur a pas fallu longtemps pour se moquer de l’accent français de leurs parents !

Crédit photo : Anne Debecdelièvre


Pour ma part, n’ayant jamais vécu à l’étranger, mon niveau d’anglais était assez basique en arrivant. Le bagage anglais mi- scolaire / mi- professionnel n’aide pas beaucoup pour se sentir à l’aise dans un groupe de natifs anglais et j’ai également dû me mettre sérieusement au travail pour être capable de suivre une conversation informelle (et parler !!) sans me vider de mon énergie. 
Mais avec des cours d’anglais intensifs et un investissement personnel important, la vie devient rapidement plus simple … 

Malgré tout, il faut une bonne première année avant de commencer à se sentir un peu plus détendu !



Avais-tu des a priori sur les anglais et la culture anglaise ? 

Je n’avais pas particulièrement d’a priori sur les anglais avant de partir, à part peut-être sur la météo, la nourriture et le style vestimentaire ! 

Nous avions participé à une journée de préparation à l’expatriation à Paris organisée par EDF et la phrase de conclusion m’a hantée pendant les premiers mois en Angleterre « Si par miracle, vous vous faites inviter chez des Anglais… » (Et le miracle est arrivé : nous nous sommes faits inviter ! Quel soulagement !) 
J’ai trouvé les Anglais et plus particulièrement nos voisins vraiment accueillants, ce qui est très agréable quand on arrive dans un pays. D’une manière générale, le premier contact est très chaleureux, poli et ouvert ce qui permet d’adoucir l’atterrissage. 

Effectivement, contrairement à la culture française, les Anglais s’invitent peu chez eux et préfèrent se retrouver au parc ou au pub, en famille. 
Le moyen que nous avons trouvé pour socialiser et booster l’anglais des enfants a été l’organisation de playdates et partager un verre avec les parents. 

Evidemment, trois ans ne sont pas suffisants pour maîtriser les subtilités d’une langue, l’humour, les références… et le contact est plus facile avec des Anglais qui ont déjà eu une expérience internationale ou sont ouverts sur les langues. J’imagine comme en France… 


La principale différence culturelle est peut-être notre manière de nous exprimer qui, malgré tous nos efforts de politesse, reste beaucoup plus direct que les tournures de phrases anglaises. Il nous a fallu (et nous sommes toujours dedans) un long apprentissage pour adoucir notre communication. 
Il y a vraiment deux langues à apprendre : l’anglais et ce que la tournure de phrase veut réellement dire pour éviter les quiproquos. Un vrai exercice de style mais qui reste drôle si on prend un peu de recul 
Toujours attendre le «... but I’m afraid » en fin de phrase ! Ou peut-être un autre exemple « Would you mind …? » et qui signifie en fait « Do it ! ». Les enfants ont eu du mal à comprendre qu’on ne leur demandait pas leur avis avec cette dernière tournure de phrase ! 



Que fais-tu ici ? 

Après avoir mis la famille sur les rails, je souhaitais prendre un temps en dehors d’EDF pour explorer d’autres milieux professionnels. 
Le changement a également été brutal ! N’ayant jamais eu de coupures professionnelles auparavant, il a fallu que je me reconstruise un projet personnel avec comme axe de recherche mes passions : Energie / Environnement / Social et art ! 

Bristol est une ville très dynamique et à la pointe sur les questions du développement durable avec de nombreux évènements et festivals sur ces thématiques. 

L’association Bristol Green Capital Partnership est une porte d’entrée incontournable pour tous les évènements, emplois, fil d’actualités sur les thématiques du développement durable. C’est également un lieu pour construire son réseau professionnel avec la possibilité de présenter son activité et trouver des partenaires et des financements.

En parcourant leur site internet, j’ai découvert le centre de développement durable de Bristol (Centre for Sustainable Energy) pour lequel j’ai travaillé pendant deux ans en tant que conseiller énergie.
Mes activités consistaient à être en appui aux populations en situation de précarité énergétique pour optimiser leur consommation d’énergie, améliorer l’isolation de leur logement et trouver des solutions pratiques pour qu’ils puissent se chauffer en hiver tout en leur apportant un soutien.
Cet emploi m’a permis de rencontrer un public très varié et d’être au cœur des difficultés sociales en lien avec les problèmes d’accès à l’énergie. Cette expérience m’a beaucoup apportée au niveau personnel. 

En parallèle, j’ai également été bénévole à Clifton High School, école anglaise de mes enfants, en tant qu’appui pour l’organisation et l’animation d’ateliers de sensibilisation sur l’environnement et le développement durable. 
Cette expérience m’a permis de partager un peu plus le quotidien de mes garçons et de mieux comprendre l’expérience anglaise qu’ils étaient en train de vivre. 



Ce montage photo illustre les ateliers de sensibilisation à la protection de la nature organisés dans plusieurs écoles primaires de Bristol. L'autre photo montre les enfants de Clifton récitant une histoire construite autour de la biodiversité que nous accompagnons en musique.



Un premier bilan de ton actuelle expatriation ?

Au bout de trois ans, le bilan de l’expatriation est vraiment positif et nous essayons de continuer de profiter pleinement de cette expérience malgré les difficultés en lien avec la Covid. 
Un exemple concret : les enfants ne veulent pas entendre parler de rentrer en France. Cela va complexifier notre retour mais témoigne du fait qu’ils se sentent vraiment bien ici. 

Un regret ? La frustration inhérente à l’apprentissage de la langue qui reste malgré tout un frein pour approfondir les liens créés avec les Anglais, surtout en cette période de Covid où les relations sociales sont plus compliquées. 



As-tu eu l’occasion de visiter le Royaume-Uni ? 

Avec un bon équipement pour se protéger de la pluie, du vent et de la boue, nous sommes partis par tous les temps et avons vraiment apprécié les paysages anglais. Il y a toujours un pub chaleureux ou un vendeur de café ambulant pour se réchauffer ! 

Le Royaume-Uni recèle vraiment des joyaux, tant au niveau du patrimoine historique que des paysages naturels et Londres n’est qu’à 2h de train ! 

Mes visites historiques favorites, dans la région de Bristol, sont le château de Longleat, les Cotswolds, les villes de Wells, Glastonbury et Bath. 

Les deux voyages qui m’ont le plus marquée pour la beauté des paysages sont les côtes sauvages du Pembrokshire au sud-ouest du Pays de Galles et les îles des Hébrides en Ecosse. 



Ile de Skye, Ecosse ; Brecon Beacons, Pays de Galles ; Sommet du Ben Nevis, Ecosse



Quels sont tes projets pour 2021 ? 

Un retour en France à l’été 2021, qui, d’après les témoignages que j’ai pu avoir, se prépare comme une expatriation ! 



Merci beaucoup pour ton témoignage, Anne ! Nous espérons pouvoir bientôt lire tes aventures de voyage sur le blog. 


Propos recueillis par Jessica Ung, en Novembre 2020

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