Et chez vous, comment se passe le confinement ?

Lorsque l’annonce du nouveau lockdown est tombée, j’étais en réunion avec la Content Team au sujet du lancement du blog Expat Family UK. Toute l’équipe a eu quelques secondes de silence… Il nous fallait bien ce temps pour digérer la nouvelle : fermeture des commerces non-essentiels, télétravail très fortement conseillé, déplacement limité et surtout, fermeture des écoles!

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Ce soir -là, mes pensées me renvoyaient automatiquement vers le premier confinement, en mars dernier. Travailler tout en gardant mon fils avait été une épreuve (n’ayons pas peur des mots) et je n’avais pas envie de retraverser ces moments.

Toute une série de questions se bousculait également dans ma tête : Comment l’annoncer à mon fils ? Lui qui était tellement heureux d’avoir repris le chemin de l’école et retrouver ses amis…
Comment les apprentissages allaient-ils s’organiser ? Et comment allions-nous surtout faire pour concilier une fois encore, vie professionnelle et suivi de la scolarité ?

L’école a été très réactive : après tout, nous en sommes déjà au troisième confinement dont deux avec fermeture des écoles ! Elle nous a vite tenus informés d’un emploi du temps de cours en ligne.

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Cette année, je ne travaille qu’à mi-temps (prolongement de mon congé maternité) : cela allait donc être plus facile pour moi d’aider mon fils aîné dans son travail scolaire.


Mais il faut le reconnaître, ce n’est pas la majorité des cas et de nombreuses familles ont dû s’adapter et trouver une nouvelle organisation.
Comme pour Valentine : « Le jour de l’annonce de ce troisième confinement au Royaume-Uni, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, complètement paniquée par la logistique à mettre en place. J’étais aussi, et surtout, très triste pour les enfants qui allaient à nouveau pâtir de la situation et ne pas revoir leurs copains de sitôt.
J’ai beaucoup de chance car mon entreprise offre un arrangement pour les parents qui doivent faire l’école à la maison. J’avais la possibilité de réduire mes heures de travail et d’être toujours très bien rémunérée. Mais comme je démarrais tout juste sur un nouveau poste, j’ai préféré conserver mes heures de travail quotidiennes et les rattraper « en décalé » .
Notre organisation au quotidien est donc la suivante : chaque jour, l’un de nous s’occupe des activités du matin, l’autre de celles de l’après-midi et nous alternons. Pour rattraper nos heures, celui qui fait l’école le matin, travaille plus tard le soir, et celui qui fait l’école l’après-midi, commence très tôt sa journée (à 6h30, sur le pont!).
Nous nous sommes habitués assez vite à cette nouvelle organisation. Nous avons la chance d’avoir des enfants relativement en bas âge, dont seulement une scolarisée et l’autre à la crèche toute la journée. Cela dit, la fatigue morale est bien présente et le temps devient long.
En plus de mon côté, je ne suis pas prête de rencontrer mes nouveaux collègues puisque le retour au bureau n’est pas prévu avant le mois de juin prochain ! C’est assez étrange mais là aussi bizarrement, je m’y fais.»


Pour les familles nouvellement arrivées, le problème de la langue s’ajoute : les enfants ne parlent pas encore suffisamment bien anglais pour suivre les cours efficacement. Il est alors difficile de maintenir leur motivation et les parents doivent être très présents pour éviter qu’un écart se creuse avec leurs camarades anglais.
Clémentine : « J’avais presque apprécié le premier confinement, en France : j’étais en télétravail mais j’avais réussi à organiser les journées avec les leçons de nos trois enfants. Entre les réunions et les cours, nous pouvions nous permettre des petites pauses (piscine) en journée : je travaillais plus tard le soir vu que je n’avais plus de pression sur les horaires des repas. On vivait en décalé mais à notre rythme, en famille et surtout avec tellement moins de stress.
Ici, c’est tout l’inverse ! Les enfants ont des sacrées journées, parfois juste 10 minutes pour manger. Comme nous sommes arrivés en septembre 2020, je dois être constamment avec eux pour traduire/expliquer car j’ai peur qu’ils perdent tous ce qu’ils ont acquis pendant les premiers mois, et qu’ils décrochent….
Entre ça et la logistique de la maison, j’ai perdu tout espoir de trouver du travail... C’est finalement ce que je trouve le plus rude, cumulé à l’absence de toute vie sociale, culturelle et sportive. »



On le lit bien, pour les nouveaux expatriés, ce confinement n’est donc pas évident…
Comment se projeter dans un avenir professionnel quand il est impossible de suivre une formation pour se mettre à niveau dans un nouveau pays ? Quand les offres d'emplois sont temporairement gelées ?
Hélène : « Nous avons « subi » le premier confinement en France, en étant tous les deux en télétravail, avec deux enfants de moins de 3 ans ! Pour ce nouveau lockdown, nous avons été épargnés puisque les enfants sont à la crèche / pre-school, la journée.
Pour moi, la vraie difficulté est de ne pas pouvoir créer de liens sociaux, et surtout la recherche d'emploi / volontariat (j'ai quitté mon travail en septembre pour suivre mon conjoint ici). Beaucoup d'activités associatives se sont arrêtées, ou ne prennent plus de nouveaux volontaires, ou bien refusent les volontaires venant d'autres quartiers que celui du siège de l'association.»



De même, comment s’intégrer quand on ne peut ni sortir ni rencontrer du monde ?
« A l'annonce du nouveau lockdown en Angleterre, c'est vrai que j'ai ressenti une grande déception. Avant le confinement, j'avais réussi à trouver des activités pour rythmer mes journées, mais maintenant comme il est interdit de rencontrer des personnes en dehors du foyer c'est vrai que les journées sont plus longues.
C'est dommage car nous avions bien commencé notre expérience d'expatriés dans le Somerset, nous avions pu visiter la région et profiter des pubs locaux.
Notre intégration est donc un peu suspendue le temps de ce confinement. »
Julie


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Pour ceux qui arrivent en fin d’expatriation, un sentiment d’inachevé reste : presque un an sans pouvoir voyager ou visiter l’Angleterre, sans recevoir des proches et profiter de moments de convivialité avec ses voisins.
Noémie : « Nous étions arrivés depuis seulement 6 mois en Angleterre et nous commencions à peine à prendre nos marques quand le premier confinement a débuté.
Dans les semaines précédentes, nous avions rencontré de nouvelles personnes en rejoignant des clubs locaux. Alors même que nous commencions à envisager les activités qui nous occuperaient au cours des prochains mois, à prévoir les visites de nos proches venus de France et d’ailleurs, tout s’est soudainement arrêté.
Personnellement, je n’ai vu personne d’autre que mon conjoint pendant 3 longs mois. Ce fut extrêmement difficile à vivre, d’autant plus que je suis quelqu’un d’habituellement très sociable.
Nous avons également dû renoncer à nos projets de visites dans le Royaume-Uni.
Pendant l’accalmie estivale, nous avons tout de même eu la chance de pouvoir visiter Peak District et la Cornouailles, mais beaucoup de lieux touristiques sont restés fermés au public.
Depuis, rien n’est vraiment rentré dans l’ordre : si j’ai pu reprendre mon activité de bénévole deux fois par semaine, je n’ai pu ni trouver du travail, ni reprendre aucune autre activité sportive ou culturelle.
Aucun proche n’a osé venir nous visiter – la quarantaine n’aidant pas – et nous avons beaucoup hésité avant de rentrer quelques jours en France pour Noël.
En somme, j’ai un peu l’impression de passer à côté de notre expérience d’expatriation : nous ne parlons pas anglais, nous ne voyons presque personne et nous ne profitons pas du pays. C’est assez frustrant ! »



Mathilde : « Mon quatrième enfant a commencé à aller à la crèche deux jours par semaine depuis début Janvier. C’était planifié depuis septembre et je me faisais une joie d'avoir enfin deux journées libres : ce n’était pas arrivé en... 10 ans ! J'avais prévu de voir mes amies, faire plein de balades, prendre des cours de self-défense...
Finalement, heureusement que j'ai ces deux jours de Nursery parce qu’avec trois enfants scolarisés, la semaine est très intense !
Pour ce lockdown, heureusement, les cours sont en direct et les deux plus grands (9 et 7 ans) sont à peu près autonomes. »



Pour ma part, ce qui reste le plus difficile est de ne pas pouvoir me projeter sur la fin de ce confinement : d’un retour à la « presque normale » annoncé pour le 22 Février, nous devons maintenant attendre le 8 Mars… et espérer que cela ne change pas encore d’ici là !
Ma famille me manque : avec la fermeture des frontières, je ne sais malheureusement pas quand je vais pouvoir les revoir !
J’ai envie de profiter de mes amis, visiter l’Angleterre, retourner au cinéma et dans des musées, sortir manger au restaurant, retrouver mon groupe de salsa, voir mes collègues et mes élèves… Vivre comme avant !
D’un point de vue professionnel, à cause de ce nouveau confinement, j’ai dû reporter mes cours à l’Université à l’année prochaine car je n’avais pas assez de temps pour les préparer entre mon travail et les cours de mon aîné.


Et le temps, bien qu’il puisse sembler long, est ce qu’il manque le plus à beaucoup d’entre nous…

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Delphine : « Cette situation m'oblige à accepter de ne pas faire tout ce que je voudrais faire, à accepter de ne plus être "productive"...mes journées sont morcelées en pleins de petites tâches, interrompues, reprises, abandonnées....
J'accepte que la maison ne soit pas bien rangée et le ménage pas au top.
Je relâche aussi la pression sur la scolarité des enfants pour lesquels ce n'est pas facile non plus. Ce n'est pas si grave s'ils manquent un cours parce que le prof l'a programmé tardivement dans Teams ou que je me suis emmêlée les pinceaux entre la week 1 ou 2 ou encore que je n'ai pas vérifié qu'ils se reconnectaient après la pause de 5 minutes entre les 2 lives ou...
Je pense cependant qu’il ne faut pas lâcher sur tout, au risque de finir déprimé, avec des kilos en plus et des enfants comme des boules de nerfs : alors, chaque jour, on sort avec les enfants et/ou fait une session de sport.
Je tente aussi de positiver cette période qui permet de passer de super moments en famille, d'écouter les enfants, de réfléchir à ce qui compte vraiment dans nos vies. »



Et si finalement, la solution pour bien vivre ce confinement était d’accepter : accepter de ne rien contrôler, de ne pas avoir de prise sur les évènements et que tout ne soit pas parfait ?
Et si nous profitions de ce confinement pour vivre le moment présent et profiter de nos proches, nous ressourcer, faire tout ce que nous n’avons jamais trouvé le temps de faire ? Et si nous nous lancions enfin de nouveaux défis et rêvions en grand pour « le monde d’après » ?


J’essaie ainsi au maximum de profiter de « mes trois hommes ». Mon ainé est plus que ravi de pouvoir rester avec son petit frère et moi !
Nous avons aussi la chance d’avoir une famille très présente virtuellement, de garder contact avec nos amis par messages, de rire avec les autres parents des cours de nos enfants.
Pendant le deuxième confinement, je me suis lancée dans l’aventure du blog « Expat Family UK » et j’ai rencontré une super équipe !
Suivre les cours en ligne avec mon fils me permet d’améliorer mon anglais et de découvrir la pédagogie anglaise. J’espère d’ailleurs avoir la chance d’approfondir mes connaissances en faisant des stages d’observation !


Noémie : « Je crois qu’il faut en profiter pour avancer sur d’autres projets plus personnels et profiter autrement de cette expérience. C’est ce que je fais en participant à toutes sortes de projets, seule ou avec d’autres personnes à distance (merci le numérique !). »

Julie : « Heureusement, la communauté d'expatrié est très active à Taunton et nous arrivons à nous organiser des thés virtuels qui sont des moments très réconfortants.
Je continue ma recherche d'emploi même si tout se fait à distance, il faut s’adapter !
J'attends avec impatience l'arrivée du printemps pour pouvoir à nouveau rencontrer de nouvelles personnes et bien sûr voyager ! »


Mathilde : « Notre retour en France est pour cet été : nous avons plein de projets à mettre en route et cela fait un bien fou de se projeter sur le long terme !
Nous avons aussi eu la chance de vivre une expérience unique à Londres (déplacement pour renouveler les passeports des enfants) : la ville était vide ! Personne devant Buckingham Palace ni à la super aire de jeu de Hyde Park ! »

Clémentine : "Nous avons fait des rencontres virtuelles, des apprentissages en Skype et découvert tous les chemins boueux des bois alentours. 
La bonne nouvelle, c’est que je ne suis pas en panne d’idées d’activités à faire dès que le confinement prendra fin ! Vivement notre crémaillère, toutes les sorties, les cafés entre expatriés, les apéros avec nos voisins anglais qui nous ont accueillis si gentiment... Ces activités qui pouvaient sembler si banales avant, nous les apprécierons tellement plus après ! »


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Un grand merci à toutes celles qui se sont confiées sur ce nouveau lockdown !


Force et courage à tou.te.s ! Nous sortirons plus fort.e.s de ce confinement et avec une folle envie de tou.te.s nous retrouver !



Propos recueillis et article rédigé par Jessica Ung, le 25 janvier 2021

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