Portrait #7 - Isabelle Bléou

Cette semaine, vous allez découvrir le portrait d’Isabelle, arrivée il y a 2 ans et demi, à Bristol. Elle a consacré ses deux premières années d’expatriation à ses jeunes enfants, avant de passer un diplôme puis de retrouver un emploi.

Crédit Photo : Isabelle Bleou


Bonjour Isabelle et merci d'avoir accepté de partager ton expérience sur l'expatriation avec nous. Peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ?

Bonjour, je m’appelle Isabelle Bléou (Godin Pailloux). Je suis originaire de Belfort mais j’ai grandi et fait mes études en région parisienne.
Après mon diplôme en école de commerce - spécialisation Ventes et Stratégie marketing- j’ai entamé un « parcours professionnel » dans l’industrie du pneumatique industriel chez Michelin, en Province.

Du point de vue familial, mon compagnon et moi avons deux enfants Raphaël, 5 ans et Rose, 2 ans et demi.

Je n’ai pas de réelle passion mais j’ai un gout très prononcé pour tout ce qui est lié à la gastronomie/cuisine et qui peut se résumer par l’expression « de la fourche à la fourchette ».



Pourquoi avez-vous décidé de tenter cette expérience de l’expatriation ?

Dans le cadre de mes études et de mon travail, j’ai été amenée à déménager en France (Clermont Ferrand, Caen, Aix en Provence) et à l’étranger (Suède).

Crédit photo : Isabelle Bleou
Roussillon, le Colorado provençal


Vivre à l’étranger a donc toujours été ancré en moi, en choisissant d’abord le programme Erasmus puis par mes choix d’entreprises qui disposaient d’une forte implantation internationale.

Lorsque mon conjoint a eu la possibilité de s’expatrier en Angleterre, j’ai tout de suite été partante. C’est une réelle opportunité pour nous ainsi que pour nos enfants qui ont la possibilité d’accéder à des établissements prestigieux, dispensant un enseignement bienveillant et stimulant, et d’évoluer dans un milieu international.
Nous mesurons chaque jour notre chance !



En quoi cette expatriation diffère-t-elle de celle réalisée pendant tes études ?

J’ai passé 6 mois en Suède, à Göteborg, dans le cadre d’un échange universitaire.
Et effectivement, être étudiante en Suède et mère au foyer puis travailler au UK sont des expériences très différentes !

Göteborg (Suède) - Crédit photo : Isabelle Bleou

Dans le premier cas, il s’agit vraiment d’une parenthèse « éphémère ».

Ici, la période d’expatriation est suffisamment longue pour pouvoir, en tant que conjoint, apprécier la vie locale et pouvoir aussi découvrir de nouvelles perspectives professionnelles.

En revanche, dans les deux cas, j’ai ressenti une vraie difficulté à intégrer les réseaux locaux. Les Suédois, tout comme les Anglais, ne laissent pas facilement accéder à leur cercle privé.



Comment as-tu vécu ton arrivée en Angleterre ?

Lorsque nous avons déménagé, notre fille avait à peine 3 semaines. Nous avons donc essayé d’anticiper les moindres difficultés afin de faciliter notre arrivée. L’entreprise et les services associés (déménagement, recherche de logement, guide des expatriés) nous ont été d'une grande aide et très rapidement, nous étions bien installés.

Crédit photo : Isabelle Bleou
 
Nous étions habitués à déménager et à être loin de nos proches. La perspective donc de s’approprier un environnement avec de nouveaux repères, de nouvelles habitudes nous était assez familière. Cependant, je pense qu’il faut vraiment aimer sortir de sa zone de confort pour apprécier pleinement une expatriation.

En revanche, pour moi, la vraie difficulté en tant que conjoint, c’est ce que j’appelle la « perte d’identité ».
En France, j’étais très active et indépendante. Ici, mon rôle se réduisait à être « Femme de » ou « Mère de ». Il faut vraiment arriver à trouver sa place !
Pour ma part, la première année, j’ai fait une formation à distance qui me tenait à cœur. Ensuite, j’ai essayé de m’investir localement en étant volontaire dans un charity shop.
Puis, petit à petit, entre l’école des enfants, les réseaux des expatriés et les différentes activités, cette perception s’est atténuée.

Enfin, je voulais aussi reprendre une activité professionnelle. Ce n’est pas évident de se remettre dans cette démarche et de redémarrer de zéro !



Justement, que fais-tu ici ?

J’ai consacré les deux premières années de l’expatriation à mes enfants. Ici tout est fait pour les femmes avec enfant de moins de 3 ans. C’était donc un bon moyen de socialiser et de s’imprégner des us et coutumes locales.


J’ai profité aussi de mon temps libre pour me former en Data analysis avec la London School of Economics et j'ai également validé un niveau, en anglais, en suivant des cours.

J’ai ensuite recherché un emploi, avant tout dans mon domaine et auprès d’un cabinet spécialisé en profils francophones. J’ai eu plusieurs entretiens plus ou moins concluants et finalement, j’ai saisi cette belle opportunité chez Framatome UK qui me permettait d’intégrer un grand groupe, d’ouvrir mon CV et d’acquérir de nouvelles compétences.

Je travaille à présent sur le projet HPC. Mes collaborateurs sont majoritairement francophones (pour ne pas dire exclusivement français). Parler français est un plus dans ma mission mais du point de vue personnel, cela ne m’aide pas à passer le cap en anglais.
En revanche, l’industrie et le métier m’étant complétement nouveaux, cela m’a permis de me familiariser progressivement avec ce nouvel environnement professionnel.



Avais-tu des a priori sur les Anglais ?

Avant d’arriver au UK, je ne voyais pas de différences majeures entre Anglais et Français. Selon moi, nous étions relativement similaires.

Néanmoins, au fur et à mesure des différents échanges du quotidien, je me suis aperçue que nous avions « quelques particularités bien marquées ». 
D’ailleurs, le livre « Watching the English » de Kate Fox, conseillé dans les sessions de préparation à l’expatriation, résume avec humour les traits de caractères des Anglais et offre quelques clés pour aider à la compréhension de certains comportements !



As-tu réussi à t’intégrer facilement ?

Globalement, que cela soit en Suède (lors de mon échange Erasmus) ou au Royaume-Uni, les échanges approfondis avec les locaux sont malheureusement limités. Nous avons malheureusement encore trop tendance à rester entre « nous ».

Mis à part le groupe Facebook Expat EDF pour lequel je relaie des sorties et autres bons plans, je suis relativement en marge de la communauté des expatriés EDF. Je reconnais malgré tout que la communauté française bristolienne est importante et un vrai accélérateur pour prendre ses marques.

L’école des enfants reste, selon moi, le principal vecteur pour pouvoir créer des liens et développer son réseau.
Contrairement à Clifton High School, Clifton College (où sont scolarisés mes enfants) concentre moins d’expatriés EDF, ce qui revêt aussi des aspects positifs puisque j’ai pu rencontrer des expatriés français Airbus et sympathiser avec des parents anglais.
En revanche, le sentiment d’appartenance est beaucoup moins prégnant que pour les parents dont les enfants sont à Clifton High School et qui forment une réelle communauté.

Pour les expatriés sans enfant ou dont les enfants ne seraient pas encore scolarisés, ce sentiment d’exclusion peut être exacerbé… Je leur conseille donc de participer à des groupes tels que Meetup, Français à Bristol et bien sûr, le réseau Expat Family UK !

Pour ma part, mes interactions avec la communauté française au sens large, me satisfont. Je déplore uniquement la rareté des échanges avec des Britanniques, échanges rendus impossibles du fait de la situation sanitaire actuelle...



Un premier bilan de ton actuelle expatriation ?

Mon grand regret est l’absence de réelle immersion anglaise. Les contacts étant limités, mon niveau d’anglais ne s’est pas autant amélioré que je l’aurais espéré.

A contrario, j’apprécie quotidiennement les effets de cette expatriation sur mes enfants, notamment sur leur maitrise de l’anglais mais aussi sur l’éducation qu’ils reçoivent qui les responsabilise et leur donne vraiment confiance en eux.

Enfin, les restrictions de mouvement liées à la Covid ne nous permettent pas non plus de profiter pleinement de cette expatriation : les rencontres sont limitées voire réduites à néant ; les projets de sorties culturelles et les voyages en Angleterre ne sont désormais plus possibles. C’est un réel regret lorsqu’on se dit que nous ne disposons que de 3 à 5 ans pour en profiter…

        
Bristol Aircraft Museum, Bristol - Wells, Angleterre



Quels sont tes projets pour 2021 ?

J’espère prolonger cette expatriation deux ans de plus et ne pas repartir sur cette expérience tronquée par la Covid.

Professionnellement, je souhaite poursuivre l’aventure avec mon employeur et évoluer avec mes différents collaborateurs.
Je souhaiterais également valider cette expérience professionnelle par un diplôme en Project management.

D’un point de vue personnel, nous croisons les doigts pour pouvoir découvrir le patrimoine culturel du Royaume Uni et profiter pleinement de cette année 2021 !

Crédit Photo : Isabelle Bléou
Portishead, Angleterre


Merci Isabelle pour ton partage d’expériences ! Nous vous souhaitons de beaux voyages pour 2021 !


Propos recueillis par Jessica Ung, en Janvier 2021

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