Portraits croisés #21 - Préparer son arrivée en Angleterre : Les enfants & le travail

Quand on décide de partir en famille en expatriation, chacun des membres doit trouver sa place dans un environnement totalement inconnu, s'adapter à une nouvelle langue et une nouvelle culture. Cette aventure a un côté très excitant mais peut-être aussi effrayant.
Après nous avoir raconté leur installation, nos 4 nouveaux expatriés (Joan, Sylvaine, Aude et Carolina) reviennent maintenant sur la question des enfants et du travail dans un nouveau pays.

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Les enfants

Nombreux sont les expatriés à avoir décidé de vivre en Angleterre pour ouvrir leurs enfants à une nouvelle culture et leur permettre d'apprendre facilement l'anglais. Même si ce choix est mûrement réfléchi, nous ne pouvons nous empêcher, en tant que parents, de nous poser énormément de questions à l'approche du grand départ : "Mon enfant va-t-il réussir à s'adapter ? Va-t-il créer facilement de nouvelles amitiés ? Va-t-il réussir à suivre un cursus scolaire dans une langue totalement étrangère ? Comment va-t-il vivre l'éloignement avec le reste de la famille ?"

Aude : « Lors de mon expatriation enfant en Allemagne, j’étais inscrite en école française car elle était située juste à côté de chez nous. Cela était également plus simple pour mes parents du fait de la barrière de la langue. Cependant, comme nous n’étions pas pleinement immergés, je n’en suis pas ressortie bilingue.
C’est pourquoi, pour cette expatriation, je souhaitais plus nous immerger dans la communauté locale et donc inscrire mes enfants (Emma, 4 ans et demi et Gabin, deux ans et demi) dans une école anglaise, la Taunton School. Emma est en Reception et Gabin en Nursery. Sa garderie est intégrée à l’école, ce qui est très pratique le matin ! C’est ce qui a orienté notre choix vers cette école, en plus de sa situation géographique par rapport à nos trajets vers le travail depuis la maison.
Dès que nous avons eu la confirmation de notre mutation, nous avons commencé à leur parler de notre expatriation. Très simplement, en leur expliquant que nous allions changer de maison, de pays, de langue... C'était, je pense, très abstrait pour eux avant de le vivre vraiment. Surtout pour Gabin qui est vraiment très petit.
Curieusement, c'est notre cadet qui a eu le plus de difficulté à s'adapter alors que je m'étais préparée à ce que ce soit plus bouleversant pour notre ainée qui avait dû quitter son école et ses amis. Finalement, elle a pris ses marques très rapidement. Elle a eu la chance d'avoir une copine française dans sa classe qui a joué la traductrice les premiers temps. 
Aujourd’hui, les enfants sont très bien intégrés et bien habitués à leur nouvelle vie, leur nouvel environnement. Avec le recul, cette période d’adaptation paraît être passée à une vitesse folle !
Cette belle opportunité va leur permettre d’apprendre une nouvelle langue et découvrir une autre culture à un âge où tout est plus facile ! »



Sylvaine : « Notre fille, Diane (un an lors du déménagement) se plait beaucoup ici : elle adore la maison où elle a sa propre chambre !
Mais on voit qu’elle ne comprend pas ce que disent les gens et ça la surprend. On va la mettre un peu à la crèche pour l’aider avec l’acquisition de la langue même si elle dit déjà quelques mots comme bye bye et go.
Elle demande cependant à appeler quasiment tous les jours ses grands-parents. On communique très régulièrement avec nos familles via Whatsapp vidéo ce qui permet de garder un lien fort. Evidemment c’est encore mieux quand ils nous rendent visite ou que nous rentrons en France. »

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Carolina : « Avant notre départ, nous avons trouvé des liens entre nos filles et l’Angleterre, notamment en leur faisant découvrir Harry Potter et Shaun the sheep ! Ce qui a permis d’éveiller leur curiosité pour ce nouveau pays.
Nos deux filles vont à Clifton High School, la cadette en Nursery (The Hive) et l’ainée en Y3. Elles ont la chance de suivre sur place le parcours anglais et le parcours français via le CNED, en allant au-delà des attendus académiques.
Elles ont beaucoup aimé leur école dès le début et le fait de trouver d'autres élèves qui parlent français a facilité leur intégration ! »



Joan : « Nous avons commencé à évoquer notre expatriation plusieurs mois avant notre départ. Jusqu'à notre arrivée au UK, nous avons discuté sans trop insister car nous voulions que cela paraisse le moins stressant possible. Cette préparation commence par l'attitude positive des parents et de l'entourage.
Pour notre départ, nous avons profité des vacances scolaires d'été pour les envoyer chez les grands-parents et préparer le déménagement sereinement. Nous sommes arrivés 3 semaines avant la rentrée pour pouvoir visiter les Cotswold. Cela a permis aux enfants de continuer leurs vacances tout en s'habituant à la langue anglaise.
Après 6 mois de vie en Angleterre, je pense que nos enfants se sont très bien intégrés dans ce nouvel environnement et dans leur nouvel école, Dean Close. J'ai été très impressionné par les efforts mis en œuvre par les écoles anglaises pour permettre aux enfants ne parlant pas anglais, de les accompagner et par la capacité d'adaptation des enfants.
Evidemment, les premiers mois ont été très éprouvants et il y a une satisfaction de les voir commencer à parler anglais, à se faire de nouveaux amis et, surtout, de s'épanouir chaque jour. Je suis très fier d'eux ! Je trouve aussi amusant de les voir pratiquer des activités qu'ils n'auraient pas forcément pu faire en France comme le cricket, le hockey sur gazon, les Forest camp. Cela va être une incroyable expérience pour eux. »


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Le travail

Pour le conjoint qui suit, l’expatriation n’est pas toujours facile. Il doit abandonner son travail et c’est souvent lui est en charge de la préparation de l’expatriation, l’organisation des activités et le suivi de l’école. Cependant, tous nos nouveaux expatriés ont fait ce choix en pleine conscience. 
Certains vont en profiter pour faire une pause, le temps d’assurer la mise en route de l’expatriation et le suivi de la scolarité des enfants ; d’autres vont choisir de se reconvertir, travailler dans une association ou s’impliquer dans un projet personnel ; enfin, certains vont mettre à profit cette expérience pour travailler en anglais et expérimenter une nouvelle méthode d’organisation du travail.

Sylvaine : « La crèche étant très chère, je garde Diane pour le moment. On a la chance de pouvoir faire plein d’activités, à la bibliothèque et au Community Centre local.
Je n’ai pas prévu de travailler dans l’immédiat. L’aide financière accordée au conjoint EDF nous convient pour le moment.
Mais je me suis investie dans la Team Event de l’association Expat Family UK
(N.D.L.R : Sylvaine a organisé une visite guidée de Bath) et dans l’association de jumelage de notre quartier. »


Carolina : « Je suis passionnée par tout ce qui est en lien avec la transition environnementale et sociale, d’un point de vue professionnel et personnel. J’aime découvrir des solutions pertinentes qui vont nous permettre de construire un monde juste et respectueux de notre planète. Cette passion, partagée avec mon mari Frédéric, nous a amené à créer le projet ‘One Climate One Challenge’ en 2011. C’est un projet qui nous tient à cœur. Il cherche à mettre en avant des solutions pour décarboner notre société. Nous avons partagé nos découvertes dans des articles, pour finalement publier un livre.
J’ai travaillé pendant plus de 12 ans dans la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et actuellement j’ai la chance de travailler pour ChangeNOW, l’évènement international référence des solutions pour la planète qui a lieu chaque année à Paris. Je découvre tous les jours des personnes inspirantes qui portent des solutions pour avoir un impact positif sur notre mode de vie. Rien de mieux pour se charger en énergie positive et se dire qu’on peut y arriver face aux défis globaux. Avant de partir, j’occupais également un poste de conseillère municipale de la ville de Vincennes. S’engager en politique a été un moyen supplémentaire pour moi de continuer à faire avancer le sujet de la transition pour construire des villes résilientes. Sans expérience en politique, j’ai pu apporter mon regard scientifique au sein du conseil.
Pour le moment je continue à travailler sur ChangeNOW, à temps partiel. Cela m’a permis d’avoir du temps pour l’installation et pour accompagner les filles dans leur nouvelle vie.
En parallèle, je commence à travailler sur un nouveau chapitre de notre projet personnel ‘One Climate One Challenge’. Le Royaume-Uni est un super lieu pour poursuivre ce projet et écrire des articles. Nous voulons parler de changement culturel, sobriété, partage, ralentissement, réutilisation, et aussi de politique.
Je suis contente d’avoir eu l’opportunité de sortir d’une vie très chargée et d’avoir le temps pour pouvoir réfléchir à la suite. La possibilité de travailler en Angleterre sur les sujets en lien avec la transition sociale et environnementale me motive énormément.
Peut-être vais-je également en profiter pour reprendre des études, je ne sais pas encore… »

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Joan : « Je suis diplômé des Arts et Métiers et j'ai travaillé dans différents groupes internationaux en gestion de projet et dans l'audit interne. Mon dernier poste avant l'expatriation était Directeur de l'Audit Interne au sein du groupe Imprimerie Nationale. Il s'agit d’un groupe public qui conçoit et fabrique des documents et des solutions sécurisés pour l'état français et d'autres. Par exemple : la carte d'identité française, le passeport et l'application TousAntiCovid. J’ai décidé de quitter mon travail pour vivre cette expérience.
Les 6 premiers mois n'ont pas été de tout repos ! Entre la recherche de la maison, le déménagement et l'accompagnement des enfants dans leur scolarité, c'est un travail à temps plein. Dans l'expatriation, il faut bien avoir conscience du temps et du soutien dont ont besoin les enfants de notre part. Je passe beaucoup de temps à les aider dans leurs devoirs (en anglais bien sûr), les suivre à leurs matchs d'école et prévoir des activités en dehors du temps scolaire.
Cela me laisse quand même un peu de temps pour jouer à nouveau au golf. D'ailleurs, après avoir joué pour EDF en région parisienne, je me suis inscrit dans la section EDF de Barnwood. L'ambiance est sympa et l'accueil chaleureux.
Maintenant que les enfants sont bien intégrés et ont gagné en autonomie, je commence à postuler à des jobs en Angleterre, et pourquoi pas chez EDF ! »



Aude : « Je travaille comme mon compagnon ici, sur le projet HPC. Comme mes enfants, il m’a fallu quelques mois pour vraiment faire mon « trou » au travail ! Pas au sein de mon équipe, mais avec certaines personnes en dehors de celles avec qui je devais collaborer. En même temps, rien étonnant : je débarquais fraichement de France, ils ne me connaissaient pas, ne savaient pas ce que je pouvais leur apporter, si j’avais vraiment quelque chose à apporter… Heureusement, mon chef français était là pour m’aider à rester motivée et à ne pas hésiter à taper dans le tas ! »

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Retrouvez le dernier article "bilan et conseils", la semaine prochaine !


Propos recueillis par Jessica Ung (Mars 2022)

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