Portraits croisés #17 - Préparer son retour : le choix de la ville et les démarches administratives

5 ans… Cela fera bientôt 5 ans que nous avons posé nos valises à Bristol. 
Je me souviens encore de notre toute première visite : une semaine de vacances en Avril 2017 pour découvrir la ville et décider si oui ou non, nous tentions l’aventure. Je me souviens également de la journée de préparation à Paris, de la recherche intensive de logements, du déménagement, des démarches administratives, des premières rencontres amicales…
Après ces magnifiques années d’expatriation, il est temps, non sans regret, de faire le chemin inverse et de préparer notre retour. On pense très souvent que le chemin le plus difficile est le départ pour l’étranger. Mais pour moi, il s’agit plutôt de celui du retour vers la France. J’appréhende énormément ce nouveau déménagement et le retour « à la réalité ».

J’ai donc demandé à 5 anciennes expatriées de venir nous raconter comment elles avaient vécu ces premiers mois de retour. Claire, Karine, Florence, Mathilde et Noémie ont très gentiment accepté de nous partager leurs retours d'expérience.

Montage photo : Mathilde, Noémie, Florence, Claire & Karine

Le temps du retour

Pour la plupart des expatriés interrogés, la Covid a précipité le retour.
Claire : « Avec mon mari, Thibault, et nos deux filles, nous avons vécu 3 ans à Bristol (de 2018 à 2021). Nous avons décidé de rentrer car le poste de Thibault se terminait et nous souhaitions nous rapprocher de nos familles. Après pratiquement 18 mois de confinement en Angleterre, pour cause de COVID, nous avions besoin de les retrouver. »

Noémie, expatriée à Sizewell (de 2019 à 2021) : « Le contrat initial de mon conjoint était pour 2 ans, renouvelable. Nous avons décidé de ne pas poursuivre notre expatriation pour plusieurs raisons. D’abord, l’expérience d’un point de vue professionnel n’était pas très favorable ni pour moi, ni pour mon conjoint : je n’ai pas trouvé de travail en Angleterre et mon conjoint n’avait pas la mission pour laquelle il était venu.
Les deux années que nous avons passé sur place étaient aussi deux années Covid. Autant dire que cela ne nous a pas aidés à rencontrer de nouvelles personnes, à nous intégrer dans la vie locale. Nous ne pouvions pas visiter nos amis et familles et ces derniers ne pouvaient pas non plus venir nous voir au UK. Nous nous sentions donc bien seuls, d’autant plus que nous étions la seule famille de français sur place.
Enfin, je suis tombée enceinte de mes jumeaux et le suivi d’une grossesse à haut risque était plus aisé en France car les médecins anglais voulaient m’envoyer à Londres pour cela, ce qui n’était pas pratique. Par ailleurs, nous jugions plus simple d’être en France pour la naissance de nos garçons et bénéficier des avantages sociaux français et de la proximité de nos familles. »



Certaines familles ont fait le choix de rentrer pour les besoins des enfants.
Karine, maman de 4 enfants et ayant vécu à Bristol, de 2017 à 2021 : « Nous aurions aimé faire nos 5 années mais nous souhaitions une arrivée en douceur pour les enfants. Cela était plus évident pour eux de reprendre en CM2 (pour le petit dernier) et en 3ème (pour les 2 grands) plutôt que directement au collège et au lycée. »


A cela vient parfois s’ajouter un besoin de rentrer en terrain connu.
Florence a vécu 3 ans à Bristol, de 2018 à 2021 : « Mon fils et moi avions envie de retrouver la France. Il a eu quelques difficultés d’adaptation car il est arrivé à un âge difficile (12 ans) et il est particulièrement timide. Ses camarades de collège ne l’ont pas très bien accueilli au début, ce qui l’a bloqué pour les années suivantes. J’ai aussi eu du mal à trouver ma place : l’adaptation de chacun des membres de la famille a été lourd à suivre pour moi et mon niveau d’anglais m’a gênée dans mes relations sociales, si vitales pour moi.
Nous souhaitions également rentrer pour la scolarité de nos enfants. Deux de mes enfants sont au lycée. Il nous paraissait plus simple qu’ils suivent une scolarité complète pour préparer le baccalauréat, en France.
Enfin, avec le contexte sanitaire, nous avons presque été inaccessibles pour nos deux aînées étudiantes en France mais encore jeunes. »



Et pour d’autres, il était temps de rentrer car comme chacun le sait, quand on part en expatriation avec EDF, il y a malheureusement une date de fin. 
Mathilde : « Nous avons passé 5 ans à Taunton (de 2016 à 2021). Nous étions donc dans l’obligation de partir. Ce qui est drôle, c’est que nous ne pensions rester que 2 ans ! L’expatriation me faisait un peu peur avant notre départ, ne parlant pas bien anglais. »

Comme Mathilde, nous ne pensions pas rester aussi longtemps : le climat (je le place volontairement en premier), la langue, les différences culturelles m'effrayaient beaucoup avant notre départ. Et puis, nous nous sommes rapidement sentis bien dans notre nouvel environnement. 
Notre famille a continué à se construire et même à s'agrandir. Nous y avons travaillé, créé des relations amicales fortes... Il y a eu, bien sûr, des coups de blues et des moments difficiles : l'arrivée du Covid a fait encore plus peser l'éloignement avec nos familles. 
Mais nous avons adoré nos 5 ans à Bristol. C'est peut-être ce qui rend notre départ encore plus difficile… aussi bien pour les parents que pour les enfants !


Le choix de la ville retour

Comment choisir où retourner vivre en France ? Ce choix est parfois imposé par des contraintes personnelles, parfois professionnelles.

Montage photos : J. Ung

Florence : « Avant notre expatriation, nous résidions à Tours et avions uniquement habité en Province en famille. Notre choix s’est cependant porté sur la région parisienne et plus particulièrement, la ville de Sceaux. Mon mari y a en effet trouvé un poste et Paris est une ville centrale, pratique pour les études des enfants. »

Mathilde : « Nous avons choisi Gien, dans le Loiret. Une opportunité de travail s’offrait à mon mari et nous savions déjà depuis un moment que rien d’intéressant ne l’attendait à Aix (notre ville de départ). Mon mari ne connaissait pas la région mais j’y avais vécu 7 ans et je connaissais un tout petit peu la ville. »


Le retour en France peut être l’occasion de découvrir une nouvelle ville.
Claire : « Nous sommes maintenant à Marseille. Tout est nouveau, nous ne connaissions personne et pour ma part, je n'y avais jamais mis les pieds. Le poste proposé à Thibault était intéressant et lui permettait d'évoluer. Le fait d'arriver en terre inconnue était à la fois un challenge mais aussi l’occasion de mettre à profit nos nouvelles capacités d'adaptation acquises en Angleterre. Évidemment, notre choix a également été influencé par le climat, la proximité avec la mer et l'environnement privilégié de la Provence. »


Après plusieurs années éloignées de la famille, il est parfois plus simple de rentrer dans une région connue.
Noémie : « Nous sommes rentrés à proximité de Grenoble. C’est là qu’un poste intéressait fortement mon conjoint. En outre, nous sommes originaires de la région et nos amis et familles y résident. C’était plus simple et agréable pour nous, jeunes parents. »

Karine : « Nous sommes retournés à Tours, ville que nous habitions avant notre expatriation. C’était notre « deal » avec les enfants : retourner dans notre maison (louée pendant l’expatriation) et ainsi retrouver les amis. »


Pour notre part, nous avons fait le choix de rentrer dans une nouvelle ville : Lyon. Nous voulions avoir encore cette sensation de découvrir (à moindre échelle) un lieu, une "culture". Nous avions également peur de ressentir un "décalage" en rentrant au même endroit qu'avant notre expatriation.
Cependant, partir vivre dans une nouvelle ville est peut-être plus stressant que de revenir en terrain connu : nous ne connaissons pas les "bons quartiers" où vivre ; nous n'avons pas le même réseau sur place, ni nos familles ; et dans mon cas, j'ai dû demander une mutation interdépartementale pour pouvoir travailler. 


La préparation du retour en France

Quand on arrive dans une nouvelle ville, il est parfois important de faire une visite préalable : repérer les lieux d’habitation éventuels, les écoles, etc. Mais cette visite n’a pas toujours été possible pour nos anciennes expatriées, en raison de la situation sanitaire l’an dernier.
Mathilde : « Nous n’avons pas eu la possibilité de nous rendre à Gien avant notre emménagement. Le marché immobilier était assez décevant. J’ai donc activé mon réseau personnel (de l’époque où j’habitais dans la région) et par des amis d’amis, nous avons eu connaissance d’une maison à vendre. Nous avons missionné mon beau-père pour visiter à notre place. Nous lui avons fait confiance et nous avons acheté à distance. Nous n’avons vu la maison que le jour de l’emménagement. Pari réussi ! Elle est très bien pour nous. »

Claire : « L'année 2021 a été encore perturbée par des fermetures de frontières. Nous n'avons pas pu visiter la ville de Marseille, ni les logements avant juin 2021. La société de relocalisation ne nous a pas vraiment aidés ! Nous avons donc choisi notre appartement grâce à une annonce sur internet. Cependant nous ne regrettons pas notre choix. »


Et n’oublions pas les difficultés administratives liées au Brexit !
Noémie : « Notre retour en France fut compliqué à organiser. Nous ne pouvions venir visiter des logements à cause des quarantaines imposées dans le cadre de la pandémie. Des membres de notre famille et un agent mandaté par EDF ont donc dû visiter des logements pour nous pendant que nous étions connectés en visio. Cela était d’autant plus compliqué que nous arrivions dans un secteur géographique où l’immobilier était très tendu et que la plupart des agences prenaient peur devant notre dossier anglais. Nous n’avons donc pas eu le choix de notre logement.
Ce fut également compliqué parce que nous étions la première famille à rentrer depuis le Brexit (en février 2021). Nous avons donc testé les nouvelles mesures de la douane et le manque d’informations à ce sujet. »

Nous avons eu la chance de passer 3 jours à Lyon, en décembre dernier et nous espérons pouvoir y retourner en juin prochain, pour les visites d'appartements. 
Mais nous attendons encore de nombreuses réponses (école de l'ainée, crèche du cadet, mon lieu d'affectation) et il nous est donc actuellement très difficile de nous projeter sur le quartier où nous allons vivre, d'autant plus que le marché immobilier est très tendu !


Heureusement, le retour en France peut aussi très bien s’organiser.
Florence : « Nous avons réussi à visiter un peu malgré les interdictions régulières de voyager. Nous connaissions déjà les bons endroits où vivre en région parisienne ce qui a grandement facilité nos recherches. Nous voulions un bon logement, proche du travail de Marc (coulée verte pour aller travailler en vélo ou en courant), un bon lycée (Lakanal), le tout aux portes de Paris. La ville de Sceaux réunissait tous nos critères ! Le parc est un véritable poumon vert au cœur de la ville et a donc été un gros plus quant au choix de notre localisation. »

Karine : « Notre retour a été très facile : nous avons retrouvé notre maison et notre ville de départ. Cependant, pour créer un peu de nouveautés, nous avons fait faire des travaux de rénovation. »

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Pour retrouver la check-list des démarches pour préparer votre retour en France, c’est par ici !

Et bientôt la suite des portraits croisés, avec un retour sur les premiers mois en France.


Propos recueillis par Jessica Ung, Février 2022

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